L’intégration de l’intelligence artificielle (« IA ») dans le milieu professionnel peut modifier tant les relations individuelles de travail que les dynamiques collectives. Le 27 janvier 2025, la Commission d’accès à l’information (la « CAI ») dépose au ministère du Travail son mémoire intitulé L’IA au travail : pour un meilleur encadrement.
L’IA offre des avantages en matière de productivité et d’organisation, mais elle entraîne aussi des défis majeurs liés à la vie privée et au droit du travail. Face à ces enjeux, la CAI émet des recommandations quant à l’utilisation de l’IA au travail, d’une part, et, d’autre part, encourage la mise en place d’un cadre réglementaire précis pour l’IA dans un contexte de travail pour garantir une utilisation transparente et respectueuse des droits fondamentaux des travailleurs.
Cette note reflète l'interprétation de la loi de la CAI et son point de vue sur les pratiques à privilégier.
La CAI propose des solutions qu'elle considère utiles pour garantir le respect des lois sur la protection de la vie privée lors de la mise en œuvre de technologies basées sur l'IA dans un milieu de travail.
La plupart des employeurs ne mettront pas les audits et évaluations à la disposition des employés (notamment puisqu’ils sont souvent confidentiels). Les employeurs pourraient simplement confirmer les types d'audit ou de certification effectués (par exemple ISO, etc.).
Bien que la CAI n’aborde pas directement la question de la protection des secrets commerciaux et des renseignements confidentiels des entreprises dans son mémoire, il est important de trouver un équilibre entre la transparence et la préservation des intérêts commerciaux, notamment afin d’éviter une divulgation excessive pouvait nuire à la compétitivité de l’entreprise.
La CAI souligne que l’essor des technologies de surveillance et des systèmes d’intelligence artificielle en milieu de travail soulève d’importants enjeux en matière de protection de la vie privée. Elle met en garde contre l’ampleur des renseignements personnels collectés et les risques liés à leur utilisation, en insistant sur la nécessité d’un encadrement rigoureux.
Parmi les technologies concernées, la CAI s’attarde sur l’usage des dispositifs biométriques, tels que la reconnaissance faciale et les empreintes digitales, qui impliquent la collecte de renseignements personnels sensibles. Elle relève également les risques associés aux logiciels de surveillance des employés, capables d’analyser leur activité en temps réel, ainsi qu’aux systèmes de géolocalisation, qui peuvent mener à un suivi constant des déplacements. Enfin, elle met en garde contre les dérives potentielles de la vidéosurveillance, particulièrement lorsque ces outils sont couplés à des systèmes d’IA capables d’analyser le comportement ou la performance des employés.
Face à ces enjeux, la CAI insiste sur l’importance du respect des principes de nécessité et de proportionnalité afin d’assurer un équilibre entre les objectifs poursuivis et la protection des droits des employés.
Par ailleurs, la CAI souligne que des entreprises utilisent souvent les renseignements personnels d’employés pour entraîner des modèles d’IA dans divers domaines des ressources humaines, notamment pour :
L’utilisation de l’IA dans ces contextes n’est pas sans risque, mais demeure possible. Selon la CAI, l’entraînement des modèles sur des données massives peut entraîner des biais discriminatoires, une surveillance accrue et une prise de décision opaque. La CAI insiste donc sur la nécessité d’un encadrement plus rigoureux pour garantir que l’exploitation de ces données respecte les principes de nécessité, de proportionnalité et de transparence.
Les employeurs devraient demander aux fournisseurs s'ils utiliseront des informations sur les employés pour former leurs modèles d'IA et, le cas échéant, prendre les mesures nécessaires pour s'assurer que ces fournisseurs respectent les lois sur la protection de la vie privée et ne mettent pas en péril la conformité de l'employeur.
Dans un milieu de travail, l’utilisation de l’IA s’impose directement à l’intersection entre le droit du travail et le droit à la vie privée.
Par ailleurs, les employeurs doivent également veiller à ce que l'utilisation de l'IA respecte les politiques d'emploi en vigueur, les contrats de travail individuels ainsi que les dispositions prévues dans les conventions collectives, lorsqu’applicable. De plus, cette utilisation doit être conforme aux droits fondamentaux protégés par la Charte des droits et libertés de la personne, notamment en ce qui a trait au respect de la vie privée, à la dignité, à l’égalité des employés ainsi qu’au droit à des conditions de travail justes et raisonnables. Toute utilisation de l'IA qui contreviendrait à ces cadres juridiques pourrait exposer l'employeur à des recours judiciaires ou à des contestations syndicales.
Malgré la récente réforme des lois sur la protection des renseignements personnels au Québec, la CAI note que le monde du travail peut présenter certains défis d’application des différents principes élaborés par ces lois. Selon la CAI, les lois existantes posent des bases solides, mais elles doivent être mises à jour pour répondre aux nouvelles réalités technologiques, dont l’IA. Entre temps, les entreprises devraient notamment s’interroger quant: i) à la nécessité, la proportionnalité et la transparence de leur recours à l’IA; ii) au consentement (implicite ou explicite, selon les circonstances) des employés concernés; iii) au droit des employés concernés d’exercer, notamment, leur droit d’accès, de rectification, de retirer leur consentement et quant iv) à l’usage de renseignements personnels à des fins spécifiques liées à l’IA.
Bien que ce mémoire ne constitue que des recommandations émises par la CAI, il demeure essentiel d’en tenir compte pour garantir la conformité du système IA tout au long de son cycle de vie. Étant donné les investissements requis et l’intersection de multiples enjeux, une planification anticipée et une approche proactive sont cruciales pour assurer une utilisation optimale de l’IA, en particulier en milieu de travail.
Pour plus d’information sur ce sujet, veuillez contacter Arianne Bouchard, Alexandra Quigley ou Charles Giroux ou les autres mêmes des groupes cybersécurité et protection de la vie privée et des renseignements personnels et droit du travail au Canada.
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